Journée d'étude: Identifier les personnes dans l'espace atlantique

 

« Identifier les personnes dans l’espace atlantique ibérique : entre contrôle et garantie (XVII e –fin XIX e siècle) »

 

Historiens et anthropologues ont engagé depuis plusieurs décennies une réflexion sur les procédures d’identification des personnes, et la manière dont les « identités de papier » qui en résultent ont pu jouer un rôle dans les techniques de gouvernement et les parcours biographiques des individus. Les études atlantiques ont tôt mis en évidence leur importance, que ce soit en analysant la pluralité des taxonomies coloniales mises en œuvre lors des phases de la conquête ibérique, en soulignant l’obsession classificatoire, généalogique ou savante portant sur les mondes coloniaux du métissage, ou bien en insistant sur les mécanismes de l’enrôlement, de la fiscalité et du contrôle des mobilités, qu’elles soient volontaires ou contraintes, transatlantiques ou continentales. L’identification des personnes, qui fait intervenir des « savoirs d’États » hybrides sur les critères pertinents pour décrire et catégoriser le monde social, apparaît bien comme l’un des soubassements d’une domination qui nécessite un contrôle – direct ou à distance - des individus selon leurs naciones , castas , estados ou razas. Mais elle constitue dans certains cas une garantie, parfois même un recours, pour prouver, pérenniser, ou accéder à un statut, tant dans les secteurs dominants que subalternes de la société. De stimulantes propositions historiographiques sont ainsi venues enrichir ces perspectives en mettant en évidence le rôle des « écritures publiques », dans les stratégies de sortie du statut servile. Où l’on constate que si les « papiers d’identité » sont bien un moyen de rendre lisible des statuts sociaux pour en assurer la stabilisation et la police, ils n’en sont pas moins dans certains cas les « papiers de la liberté ». On ne saurait donc se limiter à une étude unilatérale des techniques de l’identification : elle relèvent bien d’une interaction sociale complexe, faisant intervenir des acteurs sociaux et des savoirs multiples et mouvants, et qui bien souvent nécessitent la participation des administrés eux-mêmes, que ce soit au nom d’enjeux de reconnaissance, ou bien par la mise en œuvre de multiples stratégies de contournement et de dissimulation. Ces journées d’études seront ainsi l’occasion de réfléchir collectivement à ce que l’administration fait aux personnes, par le biais des techniques et des usages sociaux de l’identification des personnes.

 

Accueil. Michel CATALA, directeur du CRHIA

Introduction de Mathieu AGUILERA
 
Introduction d'Antonio DE ALMEIDA MENDES
 
Introduction de Clément THIBAUD
 

 

 

Session 1. Identification, processus de catégorisation et assignation statutaire.

 

Michael ZEUSKE « La identificación de personas esclavizadas en el hidden Atlantic (siglo XIX) ».
 
David SARTORIUS, « Passports and Race-Making in Colonial Cuba ».
 
Nicolas TERRIEN, « Identification des corsaires et construction de souverainetés dans la Caraïbe (1790-1830) ».
 
Commentaires de Vincent DENIS
 

 

Session 2. L’identification des « classes dangereuses » : techniques, savoirs, usages.

 

Lorena RIZZO, « Photography, bureaucratic identification and personhood in colonial southern Africa in the interwar period ».
 
Charlotte DE CASTELNAU-L’ESTOILE, « Identifier des personnes à l’échelle de l’Atlantique : les sacrements ».
 
Juan José HEREDIA NEYRA, « Cibler l’étranger criminel au Pérou. Les Chinois ».
 
Commentaires de Natacha COQUERY
 
 
Session 3. La police des identités.

 

Arnaud EXBALIN, « La fin des castas ? Identification ethnique et règlementation policière à Mexico ».
 
Alvaro PARIS, « Police, identification et résistances populaires à Madrid (1824-1833) ».
 
Commentaires de Virginie CHAILLOU
 

 

Session 4. Compter, classer, ficher : les papiers de l’État.

 

Mathieu AGUILERA, « ‘Usos y abusos de la Estadística’. La statistique des populations aux Amériques espagnoles ».
 
Stefan LE COURANT, « Papiers d’identité et identité de papiers. Le contrôle des étrangers "‘sans-papier" en France ».
 
 
 
Commentaires de Paul Schor et discussion générale